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Questions orales : L’Assemblée nationale ne veut plus que les ministres se fassent représenter par leurs collègues

jeudi 10 novembre 2016, par Pascal YE

A l’hémicycle, les vendredis sont généralement consacrés aux questions orales, avec ou sans débat, adressées au gouvernement. Ce, dans le cadre de l’exercice de contrôle de l’action gouvernementale dévolu au parlement. Et parfois, certains ministres se font représenter par leurs collègues. Ça ne devrait plus être le cas les prochains jours ou du moins, la pratique devrait fortement diminuer. Lors de la séance plénière du 28 octobre 2016, les députés, par la voix de leur président, ont demandé, sinon exigé, que les ministres interpellés soient effectivement présents désormais.

Le 28 octobre dernier, lors de la séance plénière consacrée aux questions orales, quatre ministres étaient effectivement présents pour répondre aux questions des députés. Il s’agissait des ministres de l’urbanisme et de l’habitat, Maurice Dieudonné Bonané, de l’agriculture, Jacob Ouédraogo, des infrastructures, Eric Bougouma, et des ressources animales, Somanogo Koutou. Le dernier cité représentait son collègue en charge de l’eau et de l’assainissement à qui une question orale sans débat était adressée. En effet, le député Bassirou Ly avait posé la question suivante : « Monsieur le ministre, le gouvernement a adopté en début mars 2016 des mesures d’urgence pour améliorer l’approvisionnement des populations en eau potable, baptisées « programme d’urgence et assainissement ». Ces mesures devraient à terme diminuer la pénibilité de la corvée d’eau et permettre à notre pays de réaliser des bons qualitatifs au niveau du secteur. Monsieur le ministre, pouvez-vous faire à la représentation nationale le point sur la mise en œuvre du programme ? ».

Pour répondre à cette question, le ministre de l’eau et de l’assainissement s’est fait représenter par son collègue en charge des ressources animales. Ce dernier a pris près de 30 mn pour lire la réponse apportée par les services techniques du ministère interpellé. Mais, cette manière de faire n’était pas du goût des élus nationaux. Et, ils l’ont fait savoir par la voix de leur président. « C’est en fonction de la programmation des membres du gouvernement que nous réglons l’ordre du jour. Un ministre ne peut pas nous dire qu’il sera là et à la dernière minute, il envoie son collègue… », s’est offusqué Salifou Diallo. Avant d’ajouter : « Vous êtes le ministre des ressources animales. Quand vous venez nous lire ça comme la bible…Nous ne voulons plus qu’un ministre se fasse représenter ici par son collègue quand lui-même a donné son accord pour être là. Donc, dites à votre collègue de l’eau que l’Assemblée n’est pas d’accord. D’ailleurs, je vais interpeler le premier ministre pour ça ». Cette ‘’remontrance’’ a suscité une salve d’applaudissements de la part des députés, en signe d’approbation.

« Il ne faut pas venir nous citer des chiffres… »

Le président de l’Assemblée nationale n’a pas manqué de préciser que le parlement a, en son sein, des spécialistes de différents secteurs qui ne sauraient se contenter de chiffres égrenés à le pèle. « Nous avons parmi les députés des spécialistes du secteur qui ont peut-être des réponses et des questions à vous poser. Il ne faut pas venir nous citer des chiffres. On veut savoir ce que vous envisagez faire pour qu’en avril prochain, les populations n’aient pas des problèmes d’eau », a-t-il martelé. Avant d’assurer à ses collègues députés que le ministre de l’eau et de l’assainissement, Ambroise Niouga Ouédraogo, viendra ici lors d’une question orale, avec débat cette fois-ci.

Mais, avant et après ce coup de gueule, le président du parlement a adressé des félicitations aux autres ministres effectivement présents. Il a également commenté leurs réponses, formulé des critiques et des propositions. Par exemple, aux ministres de l’habitat et celui en charge des infrastructures, il a proposé de prospecter l’utilisation des matériaux locaux dans la construction des édifices publics. Toute chose qui devrait permettre de trouver de l’emploi pour des jeunes burkinabè. Il a également suggéré de réfléchir à la possibilité d’insérer dans les appels d’offres l’emploi d’un certain nombre de Burkinabè dans l’exécution des travaux.

C’est dire que le parlement distribue des bons et mauvais points aux membres du gouvernement. Parfois sans ménagement, parfois avec humour, souvent avec tous les égards qui siéent. Mais, toujours en se référant au peuple, particulièrement aux insurgés. Une façon de montrer que le parlement n’est plus la caisse de résonnance de l’exécutif ? En tout cas, Salifou Diallo rappelle régulièrement à qui veut l’entendre que les dirigeants actuels doivent avoir à l’esprit qu’ils sont arrivés à la suite d’une insurrection et qu’ils doivent gouverner autrement.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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