Pour mieux comprendre cette affaire, il faut remonter en 1990. En effet, suite aux engagements pris par l’Etat avec les institutions de Breton Woods dans le cadre des Programmes d’ajustement structurel (PAS), lesquels impliquaient que l’Etat se désengage de certains secteurs économiques pour les confier au secteur privé, 43 sociétés d’Etat ont connu des restructurations, des privatisations et des liquidations. Conséquence, 7 200 travailleurs ont été contraints au chômage.
Conscient du fait que ces derniers ont été lésés, l’Etat s’est engagé, après moult revendications des victimes regroupées au sein de l’Association nationale des travailleurs déflatés (ANTD) à les indemniser. « Nous avons hérité d’un peu plus de 5 000 dossiers du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN). Mais pris individuellement, on en a pour plus de 30 000. Il faut donc que nous prenions le temps de dépouiller les cantines, examiner les dossiers et surtout, rencontrer les personnes à indemniser pour convenir des différentes modalités. Nous avons trouvé les textes qui encadrent ces indemnisations. Mais à l’analyse, nous nous sommes rendus compte qu’ils comportent des insuffisances. Nous devons donc sortir des listes qui seront incontestables, pratiquement sans erreur, pour garantir une grande satisfaction de ces victimes à indemniser... Nous avons beaucoup avancé dans les vérifications et recoupements des données. Dans les jours à venir, le dossier sera transmis en conseil des ministres. De ce fait, le gouvernement invite tous ceux qui attendent toujours à la patience », a exhorté la ministre.
Pour les députés présents à cette plénière, les travailleurs déflatés ont subi beaucoup d’injustice. Et il est temps de leur payer leurs droits le plus tôt possible, pour éviter les frustrations qui d’ailleurs, n’ont que trop duré. « C’est un problème spécial, faites-en un traitement spécial. Certes, plusieurs gouvernements sont arrivés et sont passés sur la question. Mais on a la chance que ce gouvernement comprenne la peine de ces travailleurs qui souffrent le martyre. Si vous avez accepté de vous pencher sur cette affaire, n’en faites pas de la démagogie, n’en faites pas de la plaisanterie. Traitez-la avec toute la diligence qui va avec. Aujourd’hui, certains même sont morts sans avoir été indemnisés. Cela fait plus de 30 ans que ça dure. S’il vous plaît, ayez pitié de ceux qui respirent encore, et payez-leur leurs dus », a plaidé un député.
Erwan Compaoré
Lefaso.net