Au prétoire, le ministre de l’enseignement supérieur, Adjima Thiombiano, face aux députés de l’Assemblée législative de transition (ALT) pour répondre à la question relative à l’inexistence de documents autorisant les IPES à offrir des formations doctorales et de diplômes de doctorat.
« Est-il vrai qu’aucune université privée n’a jamais bénéficié de documents de votre département ministériel, dans la continuité du fonctionnement régulier des institutions étatiques, l’autorisant à offrir une formation doctorale et à délivrer des diplômes de doctorat ? ». À cette question du député, le Pr Abdoulaye Soma, portée par son collègue Arnaud Tindano, en l’absence de ce dernier, le ministre répond par l’affirmative.
« Aucune université privée conformément au cahier de charges du décret 2018, à savoir l’article 57 et 58, n’a été autorisée à offrir des formations doctorales et de diplômes de doctorat », a réaffirmé le ministre Adjima Thiombiano. Dans sa ligne de défense, il a rappelé que les formations doctorales sont régies par le décret 2018 portant organisation de l’enseignement supérieur et l’arrêté 2020 portant organisation des études doctorales.
En ce qui concerne les universités privées, poursuit-il, les formations doctorales s’opèrent conformément à l’arrêté 2020-2021 du 7 juillet 2020 portant cahier de charges des institutions privées d’enseignement supérieur. Cet arrêté, dispose en son article 57, poursuit-il, qu’aucune université privée ne peut assurer une formation doctorale si elle n’est affiliée à une école doctorale dans une université publique. En son article 56, cite encore le ministre, l’affiliation à l’école doctorale se fait par le biais d’une convention entre un laboratoire de recherche ou une équipe de recherche de l’université privée et un laboratoire de recherche publique. Pour enforcer sa conviction que les IPES n’ont pas encore un quitus des autorités pour offrir des formations doctorales, le ministre a puisé suffisamment des arguments dans la législation.
A la charge, il mentionne que l’arrêté 2020 du 26 septembre 2020, portant condition de création, mission, organisation et fonctionnement de l’école doctorale, du centre de recherche, de laboratoire de recherche et de l’étude de recherche dans les Unités de formation et de recherche (UFR) stipule en son article 5 que l’école doctorale est créée par arrêté du ministre en charge de l’enseignement supérieur sur proposition du premier responsable de l’UFR. L’article 6 du même arrêté, selon ce professeur titulaire en biologie et écologie végétales, précise que l’école doctorale rassemble des centres et des laboratoires de recherche.
L’article 13 indique, qu’un laboratoire de recherche est une structure regroupant au moins cinq équipes de recherche et chacune d’elle regroupant au moins quatre enseignants chercheurs dont au moins un enseignant de rang A. Pour l’ancien président de l’université Thomas Sankara, pour former un laboratoire, il faut au moins cinq équipes de recherche de quatre personnes qui disposent au minimum de 20 enseignants dont au moins cinq enseignants de rang A.
A en croire le ministre, aucune université privée ne remplit ces conditions pour le moment. Il s’étonne par ailleurs, de voir certaines universités privées offrir des formations doctorales et délivrer des diplômes de doctorats alors qu’elles n’ont pas de qualification requise. « Cela constitue une violation des dispositions en la matière », dénonce le ministre Adjima Thiombiano, indiquant que la rigueur de la loi sera appliquée dans cette situation d’irrégularité.
Contrairement au doctorat unique et au PhD, l’interdiction ne touche pas aux formations doctorales aboutissant à la délivrance de diplômes de doctorat d’exercice en science de la santé, a-t-il fait savoir. A cet effet, confie-t-il, deux universités privées ont eu des autorisations et offrent des formations en médecine, et délivrent des diplômes de doctorat d’exercice en science de la santé.
17 universités privées reconnues par l’Etat au Burkina Faso
La deuxième question du Pr Soma était la suivante : « Que pensez-vous être de bonnes perspectives de gestion de ce dossier qui revêt une importance fondamentale pour la stabilité et la crédibilité de notre système universitaire ? » Avant d’apporter des réponses, le ministre a d’abord fait le point des universités privées au Burkina. Selon lui, 17 universités privées sont reconnues sur toute l’étendue du territoire.
En termes de perspectives, il a annoncé la mise en place des écoles doctorales thématiques à l’échelle du pays.
Ce qui de son point de vue, permettra de rendre plus compétitives les universités et une meilleure gestion des ressources académiques.
Pour cette séance plénière à l’hémicycle, en plus du ministre de l’enseignement supérieur, son collègue de l’éducation nationale, Joseph André Ouédraogo, s’est prêté aussi au même exercice. Il a été questionné sur les actions entreprises par le gouvernement pour l’amélioration du secteur de l’éducation.
Serge Ika Ki
Lefaso.net