L’examen du rapport issu de la tournée parlementaire effectuée sur le territoire national, qui préconise la prorogation du mandat des députés, donc le découplage des élections présidentielle et législatives, a fait sortir l’opinion publique de son silence léthargique. En effet, lors de la session parlementaire tenue à huis clos le 6 juillet 2020, les députés ont, à l’unanimité, proposé, sur la base de l’article 81 de la Constitution et au vu de la situation sécuritaire, le report des législatives de novembre 2020.
L’insécurité au Burkina empêcherait 52 députés sur les 127 de battre campagne. La proposition des parlementaires est peut-être légitime, mais la situation d’insécurité est vécue par les populations depuis 2015 ! Que faisaient les députés depuis ce temps, pour que ce soit à cinq mois des échéances électorales qu’ils constatent que certaines parties du territoire sont inaccessibles ? Donc, ce n’est que maintenant que l’Assemblée nationale reconnaît, à quelques mois de la fin de sa législature, la dure réalité du quotidien de millions de Burkinabè ?
Les recommandations de ce rapport que certains qualifient de pertinentes, cachent des intentions inavouées. C’est pourquoi cette manœuvre a de la peine à passer chez l’opinion nationale. L’une des raisons qui décrédibilisent la position des parlementaires est que l’élection présidentielle est organisée sur l’ensemble du territoire national, et que le gouvernement, jusqu’à présent, n’a pas donné un autre son de cloche attestant son incapacité de respecter ses engagements.
Pourquoi le gouvernement serait-il en mesure d’organiser l’élection présidentielle et pas les législatives ? Si les députés pensent que le gouvernement n’est pas capable d’assurer leur sécurité et celles des populations lors des échéances électorales à venir, il serait prudent pour eux de réfléchir dès à présent à comment accompagner le gouvernement dans le processus d’organisation des élections, pour que le scrutin se déroule dans un environnement sécurisé. Il est scandaleux que les parlementaires veuillent, à cause de leurs intérêts personnels, ouvrir la porte à de probables crises institutionnelles.
Les députés oublient déjà ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre 2014. Malgré que la modification de la Constitution était légale, le départ de l’ex-président Blaise Compaoré a été précipité à cause de cette question de « lenga ». Il est donc important pour les parlementaires de revoir leurs agendas pour éviter au pays une autre crise.
O.I.
Lefaso.net