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Atteinte du quota genre au parlement : Et si les partis politiques inscrivaient des femmes sur leurs listes nationales ?

lundi 3 février 2020, par Jacques

Le parlement burkinabè a voté, le 22 janvier 2020 à Ouagadougou, la loi portant fixation de quota et modalités de positionnement des candidats aux élections législatives et communales au Burkina Faso. Cette loi est censée faire la promotion du genre. Chaque parti ou groupe d’indépendants qui va en compétition, doit avoir au moins 30% de femmes sur sa liste, sauf que cela n’est pas évident. Pour cause, les partis politiques ne sont pas prêts.

Les parlementaires burkinabè ont voté la loi sur le quota genre. Seulement, l’on a l’impression qu’ils l’ont fait juste pour se donner une bonne conscience. Juste pour montrer qu’ils sont sensibles aux questions liées au genre. Sinon, la loi, telle que votée, n’est pas contraignante. Elle ressemble plutôt à une suggestion.

Elle explique que « tout parti politique qui respecte le résultat de 30% d’élus de l’un et l’autre sexe par circonscription électorale, bénéficie d’un surplus de financement public, au titre de la campagne électorale ». Cela signifie que le parti qui ne respecte pas ces mesures ne risque rien, sinon d’être privé d’un surplus d’argent.

Dans cet état de fait, le non-respect de cette mesure ne produit presque aucun effet pour de grands partis politiques comme le CDP, le MPP, l’UPC et l’ADF/RDA. Ils ont les moyens de leur politique et n’ont pas besoin forcement des sous de l’Etat. C’est seulement une aubaine pour certains partis, qui ne représentent rien sur le plan national, de juste intercaler des listes pour espérer avoir l’argent de l’Etat. Lors des élections de 2012, certains même avaient dépassé de loin les 30%. Les grands partis politiques estiment qu’il est difficile de présenter par exemple une femme contre un homme, tout en sachant que les pesanteurs socio-culturelles vont militer en faveur du second.

Même si c’est le terrain qui commande la manœuvre, il n’en demeure pas moins qu’il y a d’autres solutions pour faire élire des femmes au parlement. La liste nationale est une solution assez simple. Elle représente 12,59% des postes à pourvoir. Donc, si on estime que les femmes ne pourront pas suffisamment mouiller le maillot face aux hommes sur le terrain, elles peuvent être inscrites à ce niveau. Les hommes qui estiment avoir la fougue nécessaire pour se battre vont se faire élire dans leurs circonscriptions. Il y aura aussi des femmes qui pourront se faire élire dans les mêmes circonstances. Ce qui va certainement donner plus de chance au parlement d’atteindre le résultat escompté.

De toute façon, peu importe la solution, il faudrait que les personnes concernées soient au rendez-vous. Il faut qu’elles s’impliquent. Sinon, à la fin, ce sera comme un homme qui s’immole par le feu pour éclairer ses semblables qui se trouvent être des aveugles. Ça ne sert à rien. Si les femmes veulent se faire élire, il va falloir qu’elles se battent. La nature faisant bien les choses, elles représentent plus de la moitié des électeurs. Une aubaine donc de renverser la tendance, juste en allant voter. Mais là aussi, il faudra qu’on vienne encore les supplier d’aller se faire enrôler et voter. Mais dans tous les cas, nous sommes dans un processus. Il y aura certainement un moment où on n’aura même plus besoin de parler encore de genre.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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