L’ONEA, dans sa mission de service public, possède une politique tarifaire quinquennale basée sur l’équité. Un modèle financier qui est mis à jour deux fois par an, avec pour vocation de veiller, entre deux études tarifaires, à l’équilibre financier de l’ONEA à travers des tarifs inclusifs. Pour les animateurs de l’atelier, les conditions de l’équilibre financier du secteur sont réunies lorsque le tarif permet de couvrir les charges de fonctionnement du service de l’eau, le remboursement du service de la dette et l’autofinancement d’une partie des investissements.
Pour l’eau potable, le principe adopté est celui de la tarification progressive par tranches croissantes, permettant d’appliquer un prix plus faible aux faibles consommations d’eau. Le principe de la tarification de l’eau vise une répartition équitable des coûts entre les différents usagers. Pour l’ONEA, la tranche sociale, qui est de 188 francs le mètre cube, n’a pas évolué depuis 2003. Les prix à la borne-fontaine n’ont pas évolué non plus depuis 2003. Il en est de même pour la redevance de 1 000 francs par mois, qui est restée stable depuis 1994. Ainsi, depuis 1997, les sociétés ont un tarif unique correspondant au tarif de la tranche la plus élevée des ménages.
Il est ressorti que les ressources en eau sont peu abondantes au Burkina Faso. Le pays peut être divisé en deux zones : 80% du territoire est situé sur un socle cristallin où les ressources en eau sont rares et 20% du territoire est situé dans la zone dite sédimentaire qui regorge de ressources en eau abondante (bande située essentiellement le long de la frontière du Mali, depuis Banfora jusqu’à Nouna et des poches dans certaines petites zones du pays). A cela s’ajoute l’évaporation très importante d’environ trois mètres d’eau par an pour les retenues d’eau peu profondes.
Capacité d’autofinancement et besoins en investissement
Selon l’ONEA, une étude tarifaire 2019-2024 est en cours et prévoit un système de relevé bimestriel avec une facturation mensuelle. Aussi, une expérimentation des compteurs d’eau à prépaiement est en cours à Ouagadougou. Ces deux projets n’auront pas d’impact sur la facturation, mais permettront à l’ONEA de mieux prendre en charge ses clients et d’améliorer le taux de recouvrement.
Cependant, des défis énormes demeurent. On peut citer entre autres le besoin de sensibiliser la population à la nécessité de régler les factures et de faciliter l’accès aux sites pour la réalisation des ouvrages d’exhaure. Aussi, il faudra interpeller les décideurs sur la nécessité de protéger la ressource en eau, car les pollutions sont des sources d’enchérissement du coût de l’eau.
Enfin, la gestion de l’espace urbain dont l’étalement engendre des coûts d’investissement importants, la nécessité de prendre en compte les activités de l’ONEA dans tous les programmes d’investissement dans les ouvrages en milieu urbain, le respect des engagements pour la réalisation des investissements structurants et la nécessité de trouver des procédures allégées pour l’acquisition des produits sensibles (produits chimiques, matériel de branchement).
L’ONEA, créé en 1985, est une société d’État au capital de 3 080 000 000 de F CFA. Il est placé sous la tutelle technique du ministère de l’Eau et de l’assainissement. L’ONEA est doté d’une autonomie financière. Il est toutefois sous la tutelle du ministère en charge des Finances qui veille à ce qu’il respecte les règles et procédures financières ainsi que la réglementation des marchés publics. En 2010, la nationale de l’eau comptait 185 000 abonnés au réseau d’eau potable. En 2018, ce nombre est passé à 440 000.
E.K.S
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