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Développement : Le PNDES expliqué aux députés

jeudi 20 octobre 2016, par Pascal YE

Le Plan national de développement économique et social (PNDES), référentiel de développement du Burkina sur la période 2016-2020, a été officiellement présenté aux élus nationaux, au cours d’une séance plénière à l’hémicycle, le 19 octobre 2016. Initialement annoncé, le premier ministre s’est finalement fait représenter par le ministre de l’économie, des finances et du développement, Hadiza Rosine Coulibaly/Sori. Après une synthèse du document, elle a dû faire face à une flopée de questions et commentaires de tous ordres des députés sur le document. Cette étape intervient à la veille de la conférence des partenaires prévue à Paris, les 07 et 08 décembre prochains.

Le ministère de l’économie, des finances et du développement a été la cheville ouvrière dans l’élaboration du Plan national de développement économique et social (PNDES). Ce référentiel de développement qui couvre la période 2016-2020 découle du programme présidentiel « bâtir avec le peuple un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice », a rappelé le ministre Rosine Coulibaly dans son allocution introductive. Puis, elle a décliné la vision, les principes directeurs et les résultats que le gouvernement ambitionne atteindre à l’horizon 2020 à travers le PNDES, avec un accent particulier sur la reddition des comptes. Elle n’a pas manqué d’insister sur le caractère inclusif et participatif dans l’élaboration du PNDES. Ce, à travers la mise en place et le fonctionnement d’un dispositif d’élaboration qui a été constitué d’un comité d’orientation et de supervision, de comités thématiques, de groupes spécialisés, d’un secrétariat technique et d’un groupe de rédaction.

L’analyse diagnostique du PNDES souligne la persistance des inégalités sociales, les insuffisances du système productif national, la faible qualité des ressources humaines, l’inefficacité et l’inefficience de la gouvernance. Ainsi, trois défis principaux ont été identifiés pour « assurer la transformation structurelle de l’économie burkinabè ». Il s’agit de : réformer les institutions et de moderniser l’administration, de développer le capital humain, de dynamiser les secteurs porteurs pour l’économie et les emplois.

Un financement tributaire du climat social ?

Dans leur majorité, les députés ont reconnu que le PNDES est un programme très ambitieux, trop ambitieux même pour certains. « Ce programme ne peut qu’être ambitieux parce que nous ne pouvons pas nous satisfaire d’avoir quatre Burkinabè sur dix qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Nous avons montré que c’est une ambition politique affirmée, qu’il s’agissait de plus de justice sociale, plus d’équité, d’une ambition affirmée pour une croissance inclusive, forte et partagée. Nous avons montré aussi au niveau du PNDES que le gouvernement a affiché des ambitions de lever les grands goulots d’étranglement et permettre la transformation de l’économie burkinabè », a souligné Rosine Coulibaly.

Estimé à 15 395,6 milliards de F CFA sur les cinq ans, le PNDES accorde une part belle aux investissements structurants, notamment dans la réalisation d’infrastructures et dans les Technologies de l’information et de la communication. Les secteurs sociaux, la formation des jeunes, l’ancrage de la croissance dans la sphère des plus pauvres sont pris en compte.

Quant aux risques sous financement du PNDES évoqués dans ce document, ils sont politiques, sécuritaires, mais aussi des risques sociaux. « Si nous ambitionnons mobiliser plus de 15 000 milliards de francs CFA, si nous ambitionnons mobiliser plus de 8000 milliards comme investissement au niveau du pays, si nous comptons financer le PNDES à 64% par des contributions propres, si nous comptons avoir plus de 5500 milliards de francs lors de la conférence des partenaires qui va se tenir à Paris les 07 et 08 décembre, avec toutes ces ambitions, le climat social est très important », a expliqué la ministre de l’économie, des finances et du développement.

Les parlementaires regrettent l’absence du Premier ministre

Les parlementaires ont accordé un intérêt particulier à ce programme de développement, en témoignent les multiples questions, critiques et autres commentaires. Premier à intervenir dans la phase des questions, Justin Compaoré de l’Union du progrès pour le changement (UPC) a regretté l’absence du chef du gouvernement, sans qu’aucune explication ne soit donnée aux députés. La plupart des intervenants sont revenus là-dessus. Plusieurs députés, notamment ceux de l’opposition, ont estimé que le diagnostic du PNDES est sommaire et élude des aspects tels que le droit coutumier, les conflits communautaires…
Le PNDES est « immature » et n’est que le remplacement de la SCADD dont on n’a pas le bilan, selon certains élus nationaux. Ce qui oblige « le Premier ministre à passer de région en région pour vendre, lui-même, son produit », estime Zilma Bacyé du groupe parlementaire Paix, justice et réconciliation nationale.

Un taux prévisionnel de 8%

La mise en œuvre du PNDES, selon le ministre Rosine Coulibaly, permettra « l’émergence d’une économie moderne avec une croissance de 7,7 à 8 %, la baisse de l’incidence de pauvreté, la maîtrise de la croissance démographique, l’accélération du niveau du capital humain, les changements de mode de production et de consommation ». C’est pourquoi, le gouvernement dit attendre des députés un accompagnement. Car, ces représentants du peuple sont en contact permanent avec les populations, donc « transmettent les ambitions des populations et leurs attentes » et« contrôlent les actions du gouvernement ».

Le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo a salué l’élaboration du PNDES qui permet d’éviter « le pilotage à vue ». Avant d’ajouter que dans le cadre de sa mission de contrôle de l’action gouvernementale, la représentation nationale pourra à tout moment, interpeller les ministres sectoriels, mais aussi le premier ministre à l’occasion de son discours sur l’état de la nation. « Donc, il y a plusieurs volets qui s’offrent à l’Assemblée nationale pour suivre et vérifier que le PNDES est mis en œuvre conformément aux premiers engagements du gouvernement », a conclu le président du parlement.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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