La question orale a été posée par le député Aly Badra Ouédraogo et porte sur « la politique du gouvernement face aux innombrables dégâts subis chaque année par les infrastructures routières et ferroviaires suite aux fortes précipitations enregistrées ces dernières années ». Lors du débat général, les autres députés ont également exprimé leurs préoccupations liées à la dégradation des infrastructures. Ils ont aussi fait des suggestions à l’exécutif pour une meilleure gestion de ces problèmes et aussi pour prévenir la survenance de ces différentes dégradations d’infrastructures qui plombent le développement socio-économique du pays.
Le ministre des infrastructures a confié que les normes en matière de construction d’infrastructures routières au Burkina Faso sont les mêmes que dans les autres pays. Selon ses propos, le Burkina Faso ne dispose pas de normes spécifiques à lui seul. Il s’agit de normes internationales utilisées par tous les pays qui sont appliquées
Etat des lieux des infrastructures routières et ferroviaires
Dans sa question, le député Aly Badra Ouédraogo a demandé au ministre en charge des infrastructures de faire l’état des lieux des infrastructures routières et ferroviaires et l’étendue des dégâts subis par ces infrastructures routières et ferroviaires du fait des inondations.
Le ministre Adama Luc Sorgho a expliqué que le réseau routier national du Burkina Faso a une longueur totale d’environ 61 367 km, composé du réseau classé qui fait 15 272 km de long et le réseau non classé, représenté principalement par les pistes rurales de 46 095 km de long. En ce qui concerne le réseau routier classé d’une manière générale, 16% sont en bon état, 27% en moyen état et 57% en mauvais état. De manière plus spécifique, pour ce qui est des routes bitumées, sur un linéaire de 4 053 km de routes bitumées, 43% sont en état bon, 29% en état moyen et 28% en état mauvais. Quant aux routes en terre d’un linéaire de 11 219 km, 7% sont en état bon, 26% en état moyen et 67% en état mauvais.
Les routes urbaines bitumées pour l’ensemble des 351 communes donnent au total un linéaire de 1 244 km de long, avec particulièrement pour la ville de Ouagadougou 590 km de routes urbaines bitumées. S’agissant du réseau non classé ou encore le réseau de pistes rurales, 16 000 km sont aménagées. Par ailleurs, selon Adama Luc Sorgho, 588,870 km de routes sont actuellement en cours de bitumage sur le territoire national.
Concernant les ouvrages, le ministre des infrastructures a indiqué qu’en avril 2024, une inspection dans neuf régions du pays et dans les zones accessibles et sur les routes nationales, a été réalisée. Au cours de cette activité, 774 ouvrages de tout type ont fait l’objet d’inspection. Sur ces ouvrages, la majorité a fait l’objet de curage et de pose de balises de sécurité, de réparation des gardes corps etc.
Pour ce qui est du réseau ferroviaire, il est long de 622 km, dont 105 km non exploité qu’il faudrait réhabiliter car en mauvais état entre Ouagadougou et Kaya.
A en croire le ministre Adama Luc Sorgho, une estimation globale des coûts de construction des infrastructures dégradées sur l’ensemble des treize régions a été faite par les services techniques du département en charge des infrastructures et transmis au ministre de l’économie et des finances. Ce montant s’élève à plus de 320 159 403 482 FCFA HT.
Dégradation des infrastructures dues aux intempéries
Selon Adama Luc Sorgho, les fortes précipitations enregistrées au cours de cette saison des pluies ont éprouvé considérablement les infrastructures routières notamment les ouvrages routiers entraînant des ruptures de trafic et réduisant la mobilité des populations. Il a cité notamment les coupures sur des axes routiers structurants importants tels que la RN7 (Bobo-Dioulasso-Banfora), la RN8 (Bobo-Dioulasso-Orodara), la RN9 (Bobo-Dioulasso-Bama), et la submersion de la RN1 à la hauteur du pont de Hèrèdougou.
« Les ouvrages directement touchés par les conditions météorologiques extrêmes ont eu leurs performances structurelles et fonctionnelles affaiblies, suivies d’effondrement partiel ou total par endroits. Nous pouvons donc citer sans être exhaustif, les ouvrages importants qui ont subi de grands dégâts : le pont de Badala sur la RN8, le dalot de Tarfila, le dalot de Bérégadougou. Il faut noter que certains ouvrages (ponts, dalots…) ont fait l’objet de sabotage par les groupes terroristes et donc sont devenus fragiles », a-t-il poursuivi.
Adama Luc Sorgho a précisé que le vieillissement des infrastructures est aussi à l’origine de ces dégradations. Il a souligné que les dégradations dépendent aussi fortement des conditions environnementales, climatiques et des conditions d’usage en lien avec le trafic et l’intensité des charges roulantes. « Les ouvrages sont vieillissants et subissent certes l’intensité des charges roulantes due à un trafic routier très prononcé, mais un autre aspect non moins important qu’il faut noter est le phénomène du changement climatique et notre pays, le Burkina Faso n’y échappe guère malheureusement. Le changement climatique touche pratiquement le monde entier et le Burkina ne fait pas exception », a-t-il soutenu.
Solutions palliatives ou définitives pour la réhabilitation des infrastructures dégradées
Du reste, Adama Luc Sorgho, a rassuré que le contrôle ou la surveillance de ces infrastructures est faite de façon régulière et est déterminante pour l’entretien du patrimoine et la sécurité des usagers. « Cette surveillance passe par des inspections et des relevés de dégradation, permettant de suivre l’état du réseau et/ou des ouvrages afin de réaliser en temps utile les opérations d’entretien et, le cas échéant, de déclencher les mesures de sécurité nécessaires par la mise en place de restrictions de circulation ou de fermeture totale », a-t-il déclaré.
Aussi, pour corriger certaines insuffisances constatées dans l’entretien des ouvrages, des actions ont été prises notamment la programmation régulière des actions d’entretien du réseau routier, le renforcement de capacités des différents acteurs intervenant dans l’entretien et le suivi du réseau routier, la mise en place d’une direction générale en charge de l’entretien du réseau routier, la création d’une brigade d’intervention pour les travaux d’urgence, l’acquisition d’équipement et d’engins spécifiques pour les travaux d’urgences, la sensibilisation des populations riveraines et des usagers sur la préservation et l’entretien des infrastructures routières, etc.
Comme solutions palliatives à court terme suite à la dégradation des infrastructures routières et ferroviaires dues aux intempéries, le département en charge des infrastructures entend mettre en place une brigade spéciale d’entretien et de construction de pont Bailey pour rétablir le trafic au plus vite en cas de coupure de route ou d’un ouvrage. Comme solution définitive qui se projette à long terme, le ministère des Infrastructures veut commanditer des études plus approfondies avec une large concertation afin de situer les causes réelles liées à ces inondations et de proposer des solutions appropriées, selon Adama Luc Sorgho.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net