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Salifou Diallo à propos de Bagrépôle : « Les rapports des directions trompent le gouvernement, mais l’Assemblée ne se laissera pas embarquer »

mardi 9 mai 2017, par Pascal YE

L’Assemblée nationale a tenu une séance plénière, le 05 mai 2017, consacrée aux questions orales adressées au gouvernement. L’une des questions portait sur les pôles de croissance économiques du Burkina et particulièrement celle de Bagrépôle. Dans sa réponse, le gouvernement a présenté un tableau plutôt reluisant sur la mise en œuvre du projet. Mais, le parlement a estimé que ce « tableau idyllique » est en déphasage avec la réalité sur le terrain. Puis, il a invité l’exécutif à envoyer une mission de contrôle afin de ne pas se laisser tromper par les rapports bureaucratiques.

Le Plan national de développement économique et social (PNDES), le référentiel de développement du Burkina se fonde en priorité sur la dynamisation des pôles de croissance économiques. Dans ce cadre, il est prévu de nouveaux pôles (Samendeni, Sahel…) qui viendront s’ajouter à celui de Bagrépôle qui est dans sa phase de mise en œuvre.

Au cours de la séance plénière du 05 mai 2017, le député Alexandre Sankara était porteur d’une question orale sans débat adressée au premier ministre. Il a souhaité avoir que le chef du gouvernement fasse le bilan exhaustif de Bagrépôle à la représentation nationale avant d’entamer les nouveaux pôles.C’est Pauline Zouré, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, des finances et du développement, chargé de l’aménagement du territoirequi était fasse à la représentation pour répondre à la question. Elle a confié que 23% des terres ont été aménagées et les travaux avancent normalement, avec des chiffres à l’appui.

Le pôle est à Bagré, mais la croissance à Ouaga ?

Mais, les données avancées n’ont visiblement pas convaincu l’auteur de la question, encore moins le président de l’Assemblée nationale. Pour Alexandre Sankara, lui-même étant un acteur de Bagrépôle, le rapport lu par la secrétaire d’Etat est en déphasage avec la réalité sur le terrain. Cet avis est partagé par Salifou Diallo qui dit avoir visité Bagrépôle, il n’y a pas longtemps, en compagnie des élus du Boulgou.

« Le rapport qui nous a été lu émane certainement de la direction « bureaucratique » de Bagrépôle. Ce qui nous a été lu ici est en déphasage avec la réalité. Je prends le député Sorgho à témoin. Nous avons fait un tour à Bagré et les problèmes qui sont posés témoignent plutôt d’un déclin du projet d’aménagement de Bagrépôle que d’un pôle de croissance à telle enseigne que les paysans que nous avons rencontrés disent que : Bagré, c’est vraiment le pôle, mais la croissance est à Ouagadougou », a souligné le président de l’Assemblée nationale.

Puis, il poursuit en ces termes : « Toutes les infrastructures qui étaient construites à Bagré sont en train de prendre un coup sérieux. Les hectares aménagés à coût de milliards sont actuellement envahis par de hautes herbes, non distribués aux paysans, non occupés par des agrobusiness men, le centre éco-touristique est abandonné et les paysans se plaignent de l’inaccessibilité des intrants depuis le départ des chinois. Pire, le rendement à l’hectare, si la direction de Bagrépôle dit qu’il est en hausse, ce n’est pas le point de vue des paysans ».

Se ressaisir pour faire de Bagré un véritable pôle de croissance

Tout en louant l’option des pôles de croissance, le patron du parlement invite le gouvernement à réorganiser sérieusement et contrôler leur mise en œuvre. « Il y a une nécessité de se ressaisir pour faire de Bagré un véritable pôle de croissance. La stratégie et la vision du gouvernement sont bonnes, mais sur le terrain, la mise en œuvre pose de difficultés certaines », précise-t-il. Avant de demander au gouvernement d’envoyer une équipe gouvernementale d’abord « vérifier la réalité de ce qu’on nous met dans les rapports ».

« Parce que ces rapports venus des bureaux des directions-là posent réellement un problème. Ils trompent le gouvernement sur les réalités du terrain et l’Assemblée ne va pas se laisser embarquer par ces appréciations parce que nous côtoyons les populations et nous savons ce qu’il y a comme réalité », a martelé Salifou Diallo. Ce, après avoir demandé au gouvernement de revenir avec un point beaucoup plus concret avec des perspectives sur les autres pôles de croissance que sont le Sourou, Samendeni…

Moussa Diallo
Lefaso.net

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