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Discours sur la situation de la nation : Des députés apprécient

samedi 15 avril 2017, par Pascal YE

Le premier ministre Paul Kaba Thiéba a présenté son discours sur la situation de la nation, le 14 avril 2017. Ce discours reflète la réalité du terrain et brille par sa clarté, selon les élus de la majorité. Mais, du côté de l’opposition, la déception semble grande au point que certains se demandent s’il s’agit du même pays car le premier ministre a laissé entendre que le Burkina se porte bien. Ci-après les avis de quelques députés, à l’issue du discours.

Alassane Bala Sakandé, groupe parlementaire MPP : « Ce discours brille par sa clarté »

Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt le discours prononcé par le premier ministre. Il brille par sa clarté. Ça nous a permis de comprendre où nous en sommes actuellement avec l’exécution du programme présidentiel suite à ce qu’il nous avait donné comme éléments lors de son premier passage à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, c’est un point à mi-parcours parce que nous avons su quelles sont les réalisations, quelles sont les projets qui sont dans les pipelines et éventuellement tirer les leçons. Donc, je crois que ce à quoi nous avons assisté aujourd’hui est très intéressant pour nous députés et pour les populations à la base.

Contrairement à ce que dit l’opposition, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de concret à partir du moment où il y a des réalisations sur le terrain. C’est pourquoi, j’ai rappelé à l’opposition qu’elle a le droit de mettre en place une commission d’enquête pour aller vérifier les réalisations du PNDES sur le terrain et ils viendront nous dire. Donc, je pense que ce discours n’est pas un langage creux, ce n’est pas du verbiage parce qu’on a latitude d’aller vérifier. Si on dit qu’on a réalisé 20 km de route, est-ce que c’est abstrait, on a la possibilité d’aller vérifier c’est dans telle localité et constater si c’est fait ou pas. Si on dit qu’on a réalisé 50 écoles, 50 forages, tout ça, c’est visible sur le terrain. Si l’opposition trouve que ce que le premier ministre est venu donner comme détail c’est creux, donc allons-y sur le terrain et vérifions.

Halidou Sanfo, groupe parlementaire Burkindlim : « C’est un discours qui reflète l’évolution réelle de la société courant 2016 »

C’est un discours qui a reflété l’évolution de la société courant 2016, une évolution marquée par des attaques terroristes, donc des problèmes de sécurité difficile pour le pays. Mais, malgré tout, vous voyez que l’Etat à travers toutes ses institutions, à travers tous ses pans sont restés intacts. Vous avez aussi vu que malgré ce contexte difficile, le peuple burkinabè est resté stoïque, déterminé à gagner la bataille de l’adversité terroriste et du sous-développement. Toute chose qui a permis par exemple au Burkina, qui au lieu de connaître une situation difficile marquée par exemple par des problèmes d’insatisfaction au plan salarial et au plan des engagements du Burkina, notre pays est resté débout.

Moi, j’ai noté que le premier ministre a dépeint une situation, j’allais dire sans langue de bois, véritablement correcte. Et, aussi dans son discours, ce qui a retenu mon attention, ce sont les perspectives. Dans les perspectives, il annonce la mise en place d’un fonds spécial de l’ordre de cinq milliards avec des conditions très souples qui pourraient permettre aux couches jeunes et femmes, d’ailleurs les plus vulnérables de notre société, de pouvoir décoller en matière d’affaires, de petit commerce, de pouvoir améliorer leur situation sociale.

Daouda Simboro, groupe parlementaire UPC : « Ce discours-là est très loin de la réalité »

Dans son discours d’environ deux heures, le premier ministre a dépeint la situation du pays au plan économique, social, politique et il a donné des indicateurs macro-économiques. Mais, nous sommes habitués à ces descriptions de la situation de la nation. C’est pourquoi le groupe UPC et une bonne partie de l’opposition ont retenu que la situation qui est décrite de l’année 2016 n’est pas la réalité et que le discours qu’on nous a servi n’est pas le bon.

Heureusement que nous notons que le président de l’Assemblée, à la fin, a repris à son compte et a prononcé le véritable discours sur l’état de la nation en reconnaissant que s’il y a eu des avancées, des acquis, il y a beaucoup plus d’insuffisances. Il y a beaucoup de choses qui restent à faire. Quand le président de l’Assemblée nationale, lui-même dit au premier ministre que le PNDES nous fait savoir qu’on a 18 000 milliards et que l’année prochaine, il ne devrait pas revenir devant nous sans qu’on ne sache à quoi ont servi ces 18 000 milliards. Il dit que la salle de plénière sera étroite pour nous, ce qui est une bonne alerte, ce qui est une bonne mise en garde et qui traduit tout de ce que nous attendons du PNDES qui est supposé être dans sa 2e année de mise en œuvre et qui reste tout entier à pratiquer, à mettre en œuvre.

Pour nous, on a perdu 2016, on est en passe de perdre 2017 parce que nous sommes au 4e mois de l’année et on n’a rien amorcé. Nous sommes au 4e mois de l’année et vous ne pouvez pas indiquer quelque chose et dire qu’il s’agit de la mise en œuvre du PNDES. Donc, pour nous, ce discours-là est très loin de la réalité. C’est pourquoi nous avons invité le premier ministre, s’il a la chance de revenir devant encore pour un autre discours sur l’état de la nation, de s’attacher à être sincère et à montrer l’efficacité qu’il aura eue pour l’année 2017.

Donc, nous attendons encore. C’est un exercice qui n’est pas assorti de vote, mais c’est un exercice qui a été complété et rectifié par le président de l’Assemblée nationale. Nous avons seulement peur que ce ne soit pas à des fins populistes qu’il l’a fait et nous espérons qu’il ait été sincère et qu’il ait redressé volontairement le discours du premier ministre pour se rapprocher plus de la réalité que les populations vivent sur le terrain.

Quand le premier ministre dépeint une situation tout à fait rose alors que nous ne constatons pas de changement dans nos souffrances dans la corvée d’eau, dans le panier de la ménagère, dans le coût des produits de première nécessité, le front social qui n’est pas prêt de s’apaiser, on s’interroge alors si on est dans le même Burkina, s’il s’agit du même Burkina qu’on est en train de dépeindre. Heureusement que le Président de l’Assemblée nationale qui a vu vraiment la chose et qui partage entièrement le point de vue de l’opinion par rapport aux énormes insuffisances constatées en 2016 a pris en compte l’ensemble de ces insuffisances et les traduites et a même fait des mises en garde au premier ministre. C’est ce que nous retenons de l’exercice de ce jour.

Bacyé Zilma François, groupe parlementaire PJRN : « Franchement, j’ai été déçu »

J’ai été déçu par rapport au discours dans sa forme et dans son contenu. Je pense qu’étant donné la situation de crise que traverse notre pays, il n’est pas intéressant de présenter les choses de façon rose pour dire que tout va bien. On sait qu’il y a des problèmes. Quand le président de l’Assemblée nationale a fait la synthèse tout de suite, on sent qu’il y a des problèmes majeurs qui sont là. Alors qu’avec le premier ministre, on entendait que le gouvernement fait bien, tout marche, le Burkina va mieux alors que parallèlement, il y a la grogne sociale, il y a la montée des prix des produits de première nécessité, il y a des problèmes d’enclavement qui sont criards, il y a des problèmes de sécurité, mais on a voulu tout peindre en blanc. Moi, je n’ai pas senti la rupture et je le dis avec beaucoup de convictions. Je pense qu’un discours sur la situation de la nation doit être un discours objectif, il doit décrire les choses telles qu’elles se présentent, on doit montrer au Burkinabè l’état des lieux des choses et les efforts que le gouvernement fournit. Mais, si on vient dire directement que tout va bien, en ce moment-là, ce n’est pas la peine. Et moi, franchement, j’ai été déçu pour ça. J’ai été déçu parce que ce sont les mêmes discours qu’on a écouté de par le passé. Et aujourd’hui, la rupture n’est pas là puisque c’est le même langage, le même système de communication qui est là alors qu’on sait que le feu brûle partout, les gens souffrent, c’est triste. Donc, de mon point de vue, on gagnerait à être objectif, à traduire vraiment l’état de la nation de façon très claire et très précise.

Je n’ai pas dit que le gouvernement ne fait pas des efforts, mais je dis simplement qu’un discours sur l’état de la nation doit être objectif et clair, décrire les vrais problèmes et décrire là où le gouvernement a fait des résultats. Mais, on vient nous dire que tout va bien, le Burkina marche bien. De par le passé, on a eu des indicateurs de croissance de plus de 7 à 8%, mais ça n’a pas changé le panier de la ménagère. Aujourd’hui encore, on continue de dire qu’on a un taux de croissance 6.2%, mais est-ce qu’on a résolu les problèmes de pauvreté. La pauvreté est là, têtue. Je pense qu’il faudrait reconsidérer notre manière de transmettre le message et la manière de gérer la gouvernance nationale.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net

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