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Lassina Ouattara, député MPP : La politique comme passion et sacerdoce

jeudi 6 avril 2017, par Pascal YE

Oualass. C’est ainsi qu’il est affectueusement appelé par ses proches. Le 29 octobre 2012, Lassina Ouattara déposait déjà sa lettre de démission à la direction politique nationale du CDP, ex-parti au pouvoir, alors qu’il y était membre du Bureau politique national. Un peu plus d’un an plus tard, 75 « gros calibres », dont Salifou Diallo, Roch Kaboré et Simon Compaoré, empruntent le même chemin que lui, donnant naissance au MPP, dont il occupe aujourd’hui l’un des postes clés.

La vie politique pour lui, c’est avant tout un devoir, un sacrifice pour sa société. Et c’est dans cet esprit de lutte pour l’intérêt général qu’il s’est forgé, dès le bas-âge via les mouvements de jeunesse. Ainsi peut se résumer le portrait-robot de l’élu de la province de la Léraba (localité située à environ 500 km à l’Ouest de Ouagadougou), le député Lassina Ouattara, premier secrétaire adjoint au secrétaire exécutif du MPP depuis le deuxième congrès ordinaire de ce parti, tenu les 10, 11 et 12 mars 2017.

En effet, la vie politique pour lui commence très tôt, dès le lycée, tout comme nombre de leaders de la scène publique. Là, il milite et dirige des mouvements scolaires dans les luttes pour l’amélioration de conditions d’études, notamment au lycée Newton Descartes et au Lycée technique de Ouagadougou (LTO), actuel Lycée technique national Aboubacar Sangoulé Lamizana. Nous sommes dans les années de la Révolution démocratique et populaire au Burkina-Faso. Une période qu’il revit également, surtout à travers son activisme au sein des mouvements CDR (Comités de Défense de la Révolution) ; une époque marquée par les luttes d’émulation entre ‘’cellules révolutionnaires’’. « Il y avait une sorte de défiance », rappelle-t-il, retenant que ce fut avant tout une époque pleine d’enseignements et de formation personnelle.

En ce qui concerne sa vie dans les mouvements scolaires, Lassina Ouattara a encore en mémoire de nombreux faits qu’il relate, parfois avec un œil critique. « Parmi ces moments qui m’ont marqué, c’est quand, pour la toute première fois, au Lycée Newton (Descartes), je voyais les boucliers de la gendarmerie. C’était à l’occasion d’une marche que nous avions organisée... On était face-à-face et il y en a même (parmi les marcheurs) qui ont pris la fuite. Il y avait un aîné devant, qui a entonné l’hymne national ‘’Fière volta’’ (ancienne appellation de l’hymne national), les gendarmes ont écarté leur bouclier et nous sommes passés. Nous avons compris quelque part que l’Armée était avec nous », confie celui qui, jusqu’au dernier congrès, occupait le poste de Secrétaire adjoint chargé de la jeunesse du parti au pouvoir, MPP.

Pourquoi un retour sur ce fait précis ? « Je le rappelle par similitude avec les évènements de fin octobre 2014 (insurrection populaire, ndlr). Avant le 30 octobre (2014), il y a eu la marche du 28 octobre au cours de laquelle j’ai rencontré un camarade, on s’est salué et c’était avec émotion, parce que la dernière fois qu’on s’est vu, c’est quand on faisait les marches pour l’avènement de la révolution. Je l’ai attrapé, on s’est salué chaleureusement et on s’est dit que, quelque chose d’important allait se produire … », confie le député Lassina Ouattara, bien connu déjà au CDP pour son style direct, ferme mais qui se caractérise également par une ouverture d’esprit remarquée, comme nous l’ont confié certains de ses ex-camarades. Une intrépidité qui lui a valu d’être en son temps considéré, à tort ou à raison, comme le protégé de certains ténors du moment au CDP ; Mélégué Maurice Traoré, Roch Marc Christian Kaboré ou encore de Salifou Diallo, etc.

De son départ prématuré de l’ex-parti au pouvoir, le CDP

De sa démission du CDP, Lassina Ouattara explique : « J’avais déjà longtemps analysé la marche du parti. Mais, je souligne au passage qu’avant moi, il y a eu un certain nombre de camarades qui étaient partis. Je peux dire donc que nous sommes les précurseurs. J’ai même dit à un de nos responsables politiques actuels que je vais créer un non-loti et que je sais qu’ils vont finir par nous rejoindre pour le construire », dévoile le premier secrétaire adjoint au secrétaire exécutif du MPP. Un virage politique décisif qu’il a encore vif dans la mémoire ; la démission n’étant pas un engagement facile à prendre, surtout dans le contexte politique d’antan. « J’ai déposé ma lettre de démission le 29 octobre 2012 ; le 29 octobre est une date mémorable pour moi, parce que c’est la date anniversaire du décès de mon père. Je suis allé déposer ma démission et j’ai dit que les autres vont me rejoindre après. (…). Quand vous voyez des personnes comme Salifou Diallo, qui sont restées jusqu’au dernier moment, c’est parce qu’ils avaient espéré que Blaise Compaoré n’allait pas franchir le Rubicond, qu’il allait changer à la dernière minute. Mais hélas ! », retrace l’ancien membre de la direction politique du CDP.

Humaniser la pratique de la politique !

C’est avec chronologie donc qu’il relate toutes les luttes qui ont jalonné le projet de révision de l’article 37. Un marathon qui a consisté, entre autres, à parcourir et mobiliser les jeunes à travers les 55 secteurs de Ouagadougou et toutes les contrées du pays. Avec des messages sans équivoque ; barrer la route à tout ‘’attentat’’ à la Constitution. L’ex-secrétaire adjoint chargé de la jeunesse du MPP perçoit en l’insurrection populaire la consécration du sacrifice consenti par l’ensemble des couches sociales du Burkina. « Nous avons montré que nous sommes les enfants des mêmes qui ont chassé Maurice Yaméogo (soulèvement populaire du 3 janvier 66, ndlr). C’est une étape de la vie de notre pays et il faut savoir tirer leçons de ce qui s’est passé pour ne pas retomber dans les mêmes travers », exhorte Lassina Ouattara.

Avec ses ex-camarades du CDP, le député dit maintenir de bonnes relations. « J’ai des contacts, parce qu’on était déjà des amis. Même étant au CDP, j’ai toujours eu des prises de position. J’ai même des coupures de presse où à travers une de mes interviews, j’ai dit qu’il faut préparer l’après-Blaise, mais ça n’a pas été bien apprécié (c’est dire donc que je ne préparais pas mes sorties, je dis simplement ce que je pense, ce que je ressens). », révèle-t-il.

Pour lui, les rapports humains vont au-delà de la sphère politique. Il estime que la politique doit être un art pour approcher l’homme des hommes, résoudre les difficultés et promouvoir les relations humaines. Elu député pour le compte de la province de la Léraba à la faveur des législatives du 29 novembre 2015, Lassina Ouattara se voit également investie d’une mission primordiale : celle d’œuvrer à un changement des mentalités. C’est pourquoi accorde-t-il un intérêt particulier aux valeurs d’écoute, de dialogue, de sincérité … avec son entourage. Il tient, dans cet esprit, au devoir de rédévabilité qui lui incombe en tant que député.

« La grande formation, c’est sur le terrain »

Le député accorde un point d’honneur à la formation personnelle. De son avis, les grandes théories, on peut les apprendre dans les bouquins, mais la grande formation, c’est sur le terrain. C’est pourquoi encourage-t-il la jeunesse à l’apprentissage, à la quête des connaissances et surtout à accepter la patience des étapes. Quel qu’en soit le domaine, il faut d’abord bien ‘’s’armer de connaissances’’. « C’est là qu’on prend ses marques. Ça peut être à travers des structures politiques, mais également par des associations et autres organisations de jeunes », oriente-t-il avant de soutenir : « La jeunesse a du potentiel, il faut quitter les critiques faciles pour s’ériger en acteur de changement ».

Après avoir passé plus de treize ans au service commercial et marketing de Airtel-Burkina (actuel Orange Burkina), Lassina Ouattara fait partie, depuis quelques années maintenant, de ces jeunes entrepreneurs burkinabè qui nourrissent de grandes ambitions pour leur pays.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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