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« Le PNDES aura des difficultés à réaliser ses ambitions initiales », estime le groupe parlementaire UPC

mercredi 12 octobre 2016, par Pascal YE

Depuis juillet 2016, le Burkina a un nouveau référentiel pour son développement dénommé Plan national de développement économique et social (PNDES). Exit donc la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD). Au cours de leurs 2e journées parlementaires de l’année, du 06 au 07 octobre 2016, les députés élus sous la bannière de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) ont procédé à l’analyse de ce référentiel des politiques publiques sur l’horizon 2016-2020. Et, ils ont décelé des faiblesses. Ils estiment même que « le document tel que proposé aura des difficultés à réaliser ses ambitions initiales, c’est-à-dire la réduction de la pauvreté et des inégalités ».

Le Plan national de développement économique et social (PNDES) se fonde sur trois axes stratégiques : réformer les institutions et moderniser l’administration ; développer le capital humain, dynamiser les secteurs porteurs pour l’économie et les emplois. Le coût de sa mise en œuvre est estimé à 15 395,4 milliards de francs CFA, soit 9825,2 milliards de ressources propres (63,8%) et 5570,2 milliards de francs de besoin en financement (36,2%).

Au cours de ses journées parlementaires tenues les 06 et 07 octobre dernier, les élus nationaux du « parti du lion » a analysé ce référentiel de développement de notre pays pour les quatre prochaines années. Et, ils disent avoir décèle des faiblesses importantes. Malgré la participation de plusieurs techniciens dans le processus d’élaboration du document, « l’agenda politique a pris le dessus sur l’efficacité technique. Et le document final est très en deçà des attentes ».

« Le PNDES manque de cohérence »

Selon l’UPC, le document final comporte de nombreuses incohérences qui s’expliqueraient par la précipitation dans la rédaction. Ce qui amène ces parlementaires à la conclusion suivante : « le document tel que proposé aura des difficultés à réaliser ses ambitions initiales, c’est-à-dire la réduction de la pauvreté et des inégalités ».

Selon les élus nationaux du principal parti d’opposition du Burkina, le PNDES est un programme hybride résultant d’un mélange du 2e cycle de la SCADD, de la politique nationale de développement durable et le programme proposé par le candidat Roch Kaboré lors des élections présidentielles. D’où l’interrogation suivante : quelle est finalement la vision qui a sous-tendu l’élaboration de ce document ? Car, tel que proposé, « le PNDES manque de cohérence interne ». Toute chose qui pourrait mettre en péril sa réussite.

Analyse diagnostique incomplète

A en croire Alitou Ido et ses camarades, l’analyse diagnostique du PNDES est incomplète et légère. Pire, « les données sur lesquelles le diagnostic est fondé, ne reflètent pas la réalité des faits ». Aussi, ils estiment que le PNDES continue d’appliquer les politiques sectorielles de la SCADD. Ce qui leur fait dire qu’avec la structuration actuelle, le PNDES donne l’impression d’un changement de coquille sans modification profonde des éléments fondamentaux ».

Plus loin, ils soutiennent que le PNDES ne décrit pas explicitement le rôle de l’Etat. La question de la politique commerciale et de la protection de certains secteurs n’a aucune place dans le PNDES, regrettent les parlementaires de l’UPC.

Concernant la réduction du ratio masse salariale sur les recettes fiscales, rien n’est prévu, à les entendre. « Conséquences : le gouvernement n’aura pas trop de marge de manœuvre pour réaliser des investissements structurants. Le ratio masse salariale sur recettes fiscales se situe à 50% et donc supérieur à la norme communautaire qui est de 35%. Ce qui veut dire que nous devons compter sur le financement des partenaires techniques et financiers pour réaliser les investissements », expliquent-ils.

Un plan gouvernemental et non une stratégie nationale de développement ?

L’autre péché du PNDES, selon l’UPC, c’est le fait que toutes les préoccupations aient été considérées comme des urgences, sans hiérarchisation de priorités et actions à mener. D’où la conclusion suivante : « le PNDES est en réalité un plan gouvernemental plutôt qu’une stratégie nationale car c’est le budget avec ses appoints de ressources extérieurs qui en est le bras financier. La place faite au secteur privé reste dans des évocations sans ancrage réel à l’ensemble du plan de dépenses et de financement ».

Ils n’ont pas non plus manqué de s’interroger sur les capacités de mobilisation des ressources prévues dans ce « plan de développement », mais aussi sur les capacités de l’économie à absorber ces fonds s’ils venaient à être mobilisés. Car, expliquent-ils, dans notre pays, « le taux d’absorption des montants alloués est très faible et est autour de 26% chaque année ».

Le groupe parlementaire UPC a également invité le gouvernement à redimensionner les chiffres du PNDES et notamment les coûts du programme, parce « le PNDES court de 2016 à 2020 et nous avons déjà perdu un an ».

LEFASO.NET | Par Moussa Diallo

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