Ils étaient un peu plus d’une dizaine à intervenir sur la question posée par l’honorable Kanibè Tuina, ce mardi 7 janvier 2024. Comme de manière concertée, c’est une avalanche de critiques que le ministre du commerce a essuyée lors de la séance plénière, au sujet de la flambée des prix sur le marché ; chacun décrivant la misère des populations tout en demandant au ministre ce qui est fait pour changer la donne. « J’ai donné 23 000 francs CFA à la maison pour qu’on achète du riz. Et on m’a dit que le riz était passé à 30 000 francs CFA. J’ai demandé depuis quand c’était comme ça », a lancé un député.
« Rien qu’hier, j’ai appelé dans une localité reculée et on m’a dit que le gaz se vendait à 7 000 francs CFA » a informé une député. « Je sais qu’à un moment, le prix de l’huile était resté le même. Mais à l’approche des fêtes et au lendemain, certains vendaient le bidon d’huile de 5l à 7 500 francs CFA. Ceux même qui voulaient acheter le litre ne pouvait pas parce que c’était à 1 500 francs CFA », a regretté une autre. En réponse, le ministre dit être conscient de la situation. Raison pour laquelle des sorties ont été faites ces dernières semaines pour s’assurer que les prix ne sont pas fixés à l’emporte-pièce.
« A titre d’exemple, comparativement au mois de novembre, les prix moyens au mois de décembre du riz importé 5% brisures, 25% brisures et 100% brisures ont connu une légère baisse respectivement de 1,71%, 2,44% et 0,80% passant de 25 563 à 25 125 F CFA, de 25 225 à 24 610 F CFA et de 28 024 à 27 800 F CFA. Pour ce qui est des huiles alimentaires, le bidon de 20 litres d’huile alimentaire importé de Malaisie enregistre une baisse de 12,02%, passant de 24 188 à 21 281 F CFA. Celui du kilogramme de sucre importé est passé de 716 à 683 F CFA, en baisse de 4,61% », a-t-il entre autres cité.
Dans les localités à fort défi sécuritaire, il explique que le ministère faisait d’abord face à un problème d’accessibilité. Les actions de lutte contre le terrorisme aidant, il assure que certaines zones ont reçu la visite des contrôleurs. Seulement, dans ces zones, son ministère doit souvent jouer à l’équilibriste pour que les populations ne soient pas coupées de certains produits. « A Dori par exemple, nous avons fait des sorties à travers notre direction régionale. Nous avons même fait des saisies de certains produits pour lesquels les prix étaient exagérément fixés, à tel point qu’on a même été interpellés par les autorités locales de là-bas, nous demandant de lever le pied sur ces contrôles parce qu’ils préfèrent en avoir à un prix élevé, que de ne même pas en avoir. Donc, on doit jouer avec cet équilibre », a-t-il détaillé.
Pour certains produits comme le café et le thé qui, eux aussi, ont été gonflés sur le terrain, Serge Poda souligne que tous les produits ne sont pas soumis à la règlementation. « Dans notre jargon, nous qualifions le café, le thé, etc. de produits de luxe. L’alcool, le whisky, les Jack Daniels et consorts, nous on ne contrôle pas les prix. Celui qui veut aller payer ça à un million de francs CFA, il va le payer. J’ai même vu dans certaines boutiques, une bouteille de vin qui coûte 2 millions de francs CFA. Celui qui pense que s’il n’a pas cette bouteille il va mourir, il va la payer. Nous on ne va pas aller règlementer ce prix ! Ça ne fait pas partie de la liste des produits à prix règlementés. Peut-être que si à un moment c’est plus que nécessaire, on va réviser l’arrêté sur la liste pour l’inclure, mais je ne crois pas que se sera de sitôt », a-t-il laissé entendre.
Toutefois, dans certaines localités où la sensibilisation a été faite mille et une fois, il dit n’avoir eu d’autres choix que de fermer certains magasins. « On a vu que certains entreposaient les marchandises dans des magasins qu’ils ne déclarent pas. Pour certains produits, on a fait des ventes au public. On n’a même plus fait le rapport, le PV, aller voir le procureur pour les sanctions pécuniaires, etc. On a tout simplement vendu au prix fixé par la règlementation et on a reversé les ressources au Fonds de soutien patriotique (FSP). De plus en plus c’est ce que nous faisons pour que ça puisse enseigner, informer et sensibiliser davantage les acteurs... Nous avons décidé de ne plus trop faire de sensibilisations. On ferme, on ramasse la marchandise, on va vendre ! C’est tout ! », a-t-il averti, tout en invitant les populations à dénoncer les irrégularités constatées dans les boutiques et magasins de la place, aux 80 00 11 84 ; 80 00 11 85 (Ouagadougou) ; 80 00 11 86 (Bobo-Dioulasso)
Erwan Compaoré
Lefaso.net