La mendicité, un phénomène dont les limites ne cessent de s’étendre largement, malgré les gros efforts déployés par les gouvernements et les institutions internationales pour l’éradiquer. Au Burkina Faso, le phénomène avait déjà atteint des proportions alarmantes quand, avec l’avènement de la crise sécuritaire vieille d’un peu plus de sept ans, il s’est grossièrement accru, notamment dans la capitale.
Selon la ministre de la solidarité et de l’action humanitaire, « la direction provinciale en charge du genre et de la famille du Kadiogo a dénombré 843 personnes déplacées internes (PDI) en situation de mendicité dont 316 femmes, 507 enfants et 20 hommes ».
Ces chiffres concernent uniquement les arrondissements de la ville de Ouagadougou, ce qui suppose sans doute que le phénomène est encore plus inquiétant, si l’on doit tenir compte des autres localités abritant les PDI.
De 2018 à 2021, le département de l’action humanitaire a mis en œuvre une opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue. « Cette initiative a permis de retirer 2 956 enfants et jeunes dont 426 sont bénéficiaires d’une prise en charge dans des centres spécialisés à Banfora, Kaya, Orodara et Fada N’Gourma. Des efforts ont déjà été faits. Cependant, avec l’accroissement de la crise sécuritaire et l’insuffisance des ressources pour le département malgré les efforts du gouvernement, on constate que le phénomène à tendance à s’accroître » a reconnu Nandy Somé.
Au vu de cette situation qui est loin d’honorer le pays, le gouvernement envisage redynamiser l’opération de retrait et de réinsertion socio-économique des femmes, enfants et jeunes déplacées internes et autres personnes vulnérables en situation de mendicité. « Cette opération s’inscrit dans le cadre du PNDES 2021-2025 qui prévoit une augmentation de la proportion des enfants victimes de violence pris en charge, passant de 76% en 2020 à 90% en 2025. Même si nous n’arrivons pas à 100%, l’effort est conséquent de passer de 76 à 90% », foi de la ministre.
Selon elle, des rencontres de concertation réunissant les différents départements ministériels, les leaders communautaires, les délégations spéciales de la ville de Ouagadougou et des communes rurales de la province du Kadiogo, ont eu lieu les 22 décembre 2022 et le 17 janvier 2023 pour finaliser les documents allant dans ce sens. « Le 24 janvier, les concertations se poursuivront avec les populations hôtes et les responsables des déplacés internes et le 27 janvier, avec les partenaires techniques et financiers », a-t-elle indiqué.
Notons que le ministère de la Solidarité travaille de concert avec le ministère de la jeunesse et ce dernier se dit très investi dans cette question. « Nous avons demandé à tous nos partenaires qui ont des programmes de faire une ouverture de 30% au minimum pour les consacrer aux PDI, même si ces programmes datent d’il y a plusieurs années », dira pour conclure, le ministre de la jeunesse et de l’emploi, Boubacar Savadogo qui, il faut le rappeler, représentait la ministre de la solidarité et de l’action humanitaire, Nandy Somé/Diallo.
Erwan Compaoré
Lefaso.net