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Burkina Faso : 4 773 agents publics contraints de quitter leurs postes en raison de la crise sécuritaire

vendredi 13 janvier 2023, par Jacques

Les députés de l’Assemblée législative de la transition (ALT) se sont réunis ce vendredi 13 janvier 2023 pour parler de la situation des fonctionnaires ayant quitté leurs postes pour des faits de terrorisme et de la situation de la gouvernance des médias sociaux. Il ressort de ces échanges que 4 773 agents de la fonction publique ont été contraints de quitter leurs postes en raison de la menace terroriste.

Deux membres du gouvernement ont été convoqués par les députés pour répondre à deux questions orales. Ces deux questions au menu du jour sont relatives à la situation des agents de la fonction publique contraints de quitter leurs postes en raison des attaques terroristes et la situation de la régulation des réseaux sociaux au Burkina Faso. La séance du jour a été présidée par Dr Ousmane Bougouma, président de l’Assemblée législative de la transition (ALT). 58 députés ont pris part à cette séance de questions orales.

Dr Ousmane Bougouma, président de l’ALT lors de cette séance

Le ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale Bassolma Bazié, et le ministre de la communication, de la culture, des arts et du tourisme Jean Emmanuel Ouédraogo, ont donc été appelés pour répondre à ces deux questions orales posées par le député Daniel Zoungrana. La première question fut sans débat et la question de la régulation des médias sociaux a été abordée avec des débats à l’appui. La question sur la situation des travailleurs de Moov Africa Burkina Faso (ex ONATEL) a été reportée à une prochaine séance.

Prenant la parole, le ministre d’État, chargé de la fonction publique, Bassolma Bazié, a fait le point de la situation des agents de la fonction publique, contraints de quitter leurs postes en raison de la crise sécuritaire. Une situation indépendante de leur volonté, selon le premier responsable de la fonction publique burkinabè. Selon les chiffres recensés par les gouverneurs des différentes régions et dévoilés par le ministre de la fonction publique, 4 773 agents publics ont été touchés par ce phénomène sur l’ensemble du territoire national et ont été obligés de quitter leurs postes. Des structures administratives et des services de l’Etat ont été aussi fermées à cause des attaques des groupes armés terroristes.

A gauche, Jean Emmanuel Ouédraogo, ministre de la communication et à droite, Bassolma Bazié, ministre de la fonction publique

Des dispositions ont d’ores et déjà été prises pour redéployer ces différents agents, selon Bassolma Bazié. A cet effet, 33 239 agents ont fait objet de redéploiement sur l’ensemble du territoire national en raison de la menace terroriste. Il a rappelé que la fonction publique burkinabè compte 223 853 agents selon le dernier rapport de 2022. La région du Centre regroupe 26,23% des effectifs des agents publics. Une situation qui s’explique par la concentration humaine et la présence de nombreuses structures de l’Etat, selon le ministre de la fonction publique.

Sur la gouvernance des médias sociaux, le ministre de la communication Jean Emmanuel Ouédraogo, a fait l’état des lieux de l’utilisation des réseaux sociaux au Burkina Faso et des recommandations pour une utilisation responsable des réseaux sociaux. Sur cette question avec débats, les députés se sont inquiétés de l’ampleur de la diffusion des fausses informations ou appelant à la haine sur les réseaux. Une situation qui selon eux, pourrait contribuer à mettre à mal la cohésion sociale et le vivre ensemble surtout en cette période très sensible. Ils ont interpellé le gouvernement à prendre des mesures idoines en la matière afin de réguler véritablement l’utilisation des réseaux sociaux.

Vue d’ensemble des députés présents lors de cette séance de questions orales

Le ministre de la communication a regretté d’emblée la diffusion des fausses informations sur les réseaux sociaux, rappelant le manque de filtre dans la consommation des informations sur les réseaux sociaux. Il reconnaît qu’il n’y pas de textes spécifiques sur la régulation des réseaux sociaux, sauf quelques dispositions du code pénal qui permettent de sanctionner certains manquements comme la publication de certaines informations sécuritaires à savoir la position des forces de défense et de sécurité, des attaques en cours, etc.

Il admet qu’il est même difficile de réguler, étant donné que le contrat d’utilisation, c’est entre le souscripteur (utilisateur) et le réseau social (Facebook ou Whatsapp par exemple), sans l’intervention de la législation du pays. Le ministre de la communication rassure quand même que des efforts sont faits pour réguler davantage l’utilisation des réseaux sociaux au Burkina Faso.

En plus des services des ministères de la Communication et de la Justice, de nombreuses structures étatiques ont été mises en place pour lutter contre ce phénomène. Il s’agit entre autres des structures comme le Conseil supérieur de la communication (CSC), la Commission de l’informatique et des libertés (CIL), l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC), l’Agence nationale de renseignements (ANR), etc.

Les responsables et cadres des deux départements ministériels

Tout en appelant les médias classiques et les journalistes à faire preuve de responsabilité sociale dans la diffusion de certaines informations sensibles, Jean Emmanuel Ouédraogo, invite également les parents à jouer leur rôle d’éducateurs dans la consommation des informations sur les réseaux sociaux par les enfants. Il a recommandé la sensibilisation et l’instauration de l’éducation aux médias et à l’information dans les établissements scolaires et autres lieux afin que les gens puissent consommer de façon responsable, avec filtre et du recul, les informations publiées sur les réseaux sociaux.

Pour lui, des mécanismes permettent de suivre quotidiennement les activités ‘’nocives’’ sur les réseaux, notamment Facebook qui est le réseau social le plus utilisé par les citoyens burkinabè, et de prendre des mesures en cas de dérapages. Il rappelle tout de même qu’il ne s’agit pas d’infiltrer les téléphones des citoyens et de s’immiscer dans leurs vies privées mais de contrôler ce qui est publié sur la place publique. Jean Emmanuel Ouédraogo confie que le Burkina Faso s’appuiera également sur les expériences des autres pays pour réguler l’utilisation des réseaux sociaux tout en prenant en compte la liberté d’expression.

Mamadou ZONGO
Lefaso.net

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