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Bala Alassane Sakandé, président de l’Assemblée nationale : « Pour la première fois de ma vie, j’ai passé un bon 8-Mars »

mardi 9 mars 2021, par Jacques

C’est dans la commune rurale de Nako, précisément le village de Bakpara, région du Sud-Ouest, que le président de l’Assemblée nationale (PAN), Bala Alassane Sakandé, a commémoré la Journée internationale des droits de la Femme, de cette année 2021. Un acte qui sonne comme la fin d’un calvaire pour toute une population, singulièrement les femmes soumises à une véritable misère d’eau.

Cette décision de se rendre dans cette bourgade située à environ 390 km de Ouagadougou, et au même moment où se tenait à Ouagadougou, la commémoration officielle, apparaît comme la réaction à une urgence... Tout est parti d’un reportage de la télévision nationale, diffusé il y a quelques jours, exposant la souffrance des femmes du village de Bakpara en matière d’eau. Heurté par l’élément, le président de l’Assemblée nationale, Bala Alassane Sakandé, a donc décidé d’aller commémorer la journée aux côtés de ces femmes pour qui, avoir ne serait-ce que cette eau "impropre" à la consommation relève d’un calvaire, au sens plein du terme.

En effet, dans ce village, tout comme dans bien d’autres de la commune, c’est dans des ravins et autres trous perdus que les femmes font le pied de grue pour attendre et recueillir progressivement l’eau qui jaillit à faible quantité. La couleur et l’odeur de l’eau en disent long sur la souffrance qu’éprouvent ces populations, qui, d’ailleurs, peinent à en avoir.

Arrivé dans ce village, sans protocole, Bala Alassane Sakandé a vécu l’expérience de cette corvée d’eau avec les femmes, en descendant pour remplir un sceau. Il lui a fallu s’armer de patience pour remplir son récipient et supporter l’odeur que dégage ce "puits" de fortune.
Il va ensuite s’entretenir sur place avec les populations, composées en majorité de femmes. Et ce, après avoir lâché des salamalecs en Lobiri.

« Ça fait quatre jours que nous avons vu l’élément à la télé. Voilà pourquoi nous avons décidé de passer le 8-Mars avec ces femmes. Pendant qu’on parle d’autonomisation de la Femme..., est-ce qu’une femme peut passer toute la journée ici, à chercher de l’eau (et même pas sûre de l’avoir) et pouvoir mener des activités génératrices de revenus pour être autonome ? Je dis non », situe Bala Alassane Sakandé.

L’élu poursuit sous fond d’interpellation : « Nous sommes venus, nous avons vu. Il était important que nous fassions ce déplacement, au lieu de nous contenter de rester à Ouagadougou pour suivre dans les médias ce qui se passe. Quand je vois toutes ces femmes, je ne vois aucune porter le pagne du 8-Mars. Cela veut dire que leur préoccupation, ce n’est pas la fête ; leur préoccupation, c’est d’avoir l’eau pour donner à leurs enfants, à leur mari.

L’eau est une denrée vitale, un droit pour tous les Burkinabè et vous, vous êtes des Burkinabè, comme ceux qui sont à Ouaga et Bobo. (…). De la même manière nous avons arpenté les villes et les campagnes pour demander vos voix, de la même manière, nous devons prendre le même chemin pour vivre vos réalités, voir ce que vous avez comme problèmes et ensemble, trouver des solutions. C’est cela aussi la représentation nationale. Lors de mon discours d’ouverture de la première session, j’ai exhorté l’ensemble des députés à cultiver la proximité avec la population.

Etant donné que c’est la journée de la Femme, qu’on parle d’autonomisation et de responsabilisation de la Femme, dites-moi comment une femme peut passer toute une journée entière à chercher de l’eau, et dont elle n’est même pas sûre d’en avoir, et pouvoir exercer d’autres activités qui tendent à son autonomisation ? Aujourd’hui, la corvée d’eau est une servitude qui se conjugue au féminin ; nous sommes venus, il n’y avait que des femmes, nous les hommes, peut-être que nous sommes quelque part, sous des hangars, en train de régler autre chose ».

« Aujourd’hui, la corvée d’eau est une servitude qui se conjugue au féminin »

Dans une posture de compassion, M. Sakandé est revenu sur le fait que l’accès à l’eau doit être un droit pour tous les Burkinabè, quel qu’en soit l’endroit du pays où ils se trouvent. Sur le champ, et estimant qu’il y a urgence à faire face à la préoccupation, Bala Alassane Sakandé a offert, au nom de l’Assemblée nationale, deux forages pour Bakpara (Bakpara : sol dûr, en lobiri). Les travaux devront commencer dès cette semaine, appuie le mandataire des députés. Un troisième forage a également été offert à la commune (Nako) par une organisation dont le nom n’a pas été dévoilé.

C’est dans l’expression des joies qu’il a, en outre, annoncé un don par l’Assemblée nationale également, de cinq tonnes de vivres aux populations.

« C’est aujourd’hui nous fêtons réellement pour la première fois le 8-Mars. (...). Je suis le maire le plus heureux du Burkina. Vous avez refusé les salons feutrés pour être ici. Transmettez tous nos bonjours à tous les députés, nous sommes fiers de vous », s’est lâché le maire de la commune de Nako, Doubloni Hollo.

Selon le conseil municipal, c’est un ouf de soulagement à cette situation d’urgence. Des explications, de juin 2016 (date d’installation du conseil municipal) à ce jour, une trentaine de forages ont été réalisés dans la commune. Aussi, dès le 30 juin 2016, le ministre de l’Eau d’alors a lancé l’AEPS de Nako avec cinq bornes fontaines. Mais pour une commune qui compte 78 villages et environ 40 mille âmes, les défis restent énormes.

Des efforts que le président de l’Assemblée nationale a relevés et pour qui, il faut travailler à revoir le principe d’attribution des forages ; surtout avec à l’esprit que certains hameaux de culture sont devenus de gros villages, des mouvements des populations et de la réalité de la démographie.

C’est pourquoi invite-t-il les bonnes volontés à davantage de solidarité envers les populations qui ont ces besoins sociaux de base. « Nous avons des personnes, des associations, des structures qui peuvent aider les populations dans ce sens. Des personnes de bonnes volontés, le Burkina Faso en regorge », appelle Bala Alassane Sakandé.

C’est avec allégresse, visiblement, qu’autorités et populations se sont séparées après une journée « sobrement » célébrée.
« Pour la première fois de ma vie, j’ai passé un bon 8-Mars ; parce que je l’ai passé aux côtés de femmes rurales, qui sont dans le besoin. Aujourd’hui, je peux dire que je suis l’homme le plus comblé du monde ; parce que quelque part, l’Assemblée nationale s’est rendue utile », s’est confié Bala Alassane Sakandé.

O.L.O
Lefaso.net

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